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Article : L'impro vit ou meurt des clichés

Si tu aimes l'impro et que tu te sens un peu concerné·e par l'état de notre société, tape dans tes mains !


Est-que vous vous êtes déjà dit lors d'un spectacle d'impro : 'au secours, quels clichés, on est au ras des pâquerettes', ou pire 'je n'irai plus jamais voir d'impro car ce ne sont que des stéréotypes affligeants', avec donc l'amalgame suivant : l'impro est (et ne peut être que) basée sur des clichés ?


Il y a quelque temps, j'assistais à un spectacle d'impro type cabaret. À un moment les 2 improvisateurs sur scène ont commencé à jouer un couple homosexuel, à grand renfort de manières et (sur)jeu dit 'efféminé'. Les personnages étaient ridiculisés, malsains et joués avec beaucoup de maladresse.


J'ai senti la chaleur monter, la déception et le malaise m'envahir.

J'avais envie de disparaître, car en tant qu'improvisatrice, je me sens souvent concernée par ce que voit le public non-improvisateur et ce qu'il en déduit sur cet art sublime (peur de du grand méchant amalgame, oui). J'ai aussi peur que des gens soit blessés quand les impros dérapent (ultra-empathie non contrôlée, oui).


Je trouvais la scène homophobe et la suite n'a pas arrangé les bidons avec un dialogue bourré de clichés, eux-aussi utilisés au 1er degré, sans finesse ni décalage.


Juste avant la fin (enfin) de cette impro (il restait hélas encore 30mn de spectacle), un couple d'hommes assis derrière moi s'est levé et a quitté la salle. Suivie d'une femme assise au premier rang.




Je ne raconte pas ça pour jeter la pierre Pierre.

J'en parle pour rappeler que monter sur scène est un acte fort, qu'il donne un 'pouvoir' et une voix. On est là, sous les projecteurs, les gens nous voient, nous regardent et nous écoutent.


Certes, l'improvisation est sans filet, et on ne 'contrôle pas ce qui sort' parfois.

Il ne s'agit pas de montrer du doigt telle ou telle pratique en particulier.

Mais de prendre conscience de l'impact de ce qu'on joue, de ce qu'on dit, des cases dans lesquelles on met nos partenaires (en raison de leur genre, de leur origine, de leur corpulence...).

C'est crucial pour faire de l'impro un endroit créatif, ouvert à tou·te·s sans étiquette/case, voire même, dans mes rêves les plus fous, un outil de changement social.


Je vous reparlerai de ce rêve, et donc,

d'impro à propos,

dans un prochain article sur mes dadas !


Nous sommes empreint·e·s de clichés et représentations discriminantes, issue de la société dans laquelle on vit, mais on peut décider aujourd'hui de mettre les 'lunettes de l'égalité' pour accéder, little by little à une clairvoyance bien utile sur ce qu'on fait et de ce qu'on transmet.


Si je joue un personnage de secrétaire idiote qui rit à tout et ne comprend jamais rien (oui, vous le connaissez ce personnage hein ?), ça peut être très drôle. Ça peut être chouette dans une impro où ce personnage a un rôle à jouer dans la dramaturgie et l'histoire. Ou encore si ce personnage, à un moment, nous décale du portrait classique et révèle qu'à côté de cela, elle est agente secrète ou ceinture noire de karaté.

Mais si je joue ce personnage, sans nuance ni surprise, à tous mes spectacles, et que mon partenaire joue toujours son personnage de patron vicieux et dominateur (tu vois lequel, oui...), outre le fait que notre palette de personnages laisserait cruellement à désirer, nous véhiculerions toujours et encore des clichés.

Et du coup, c'est pas marrant pour nous, et pas marrant pour le public. C'est un peu pauvre artistiquement, en plus d'être assez réac.

J'aime à penser que parmi tou·te·s les accros à l'impro (oui, on vous voit, heu... on nous voit ! Nous qui passons 4 soirées par semaine à voir ou jouer de l'impro, et le reste du temps à en parler ;-) ), il y en a pas mal qui souhaiteraient jouer des scènes et des personnages non stéréotypés, et continuer à s'éclater en impro, tout en portant parfois leurs valeurs aussi dans leurs scènes en bousculant les codes 'habituels'. Vous en êtes ?


Youpi ! C'est possible. Je crois en l'impro qui ne vit pas de clichés, mais qui s'en affranchit et nous offre de fabuleux spectacles, drôles, conscients et émouvants.

Yes we can. Let's do it.

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1 Comment


Chère Peggy, Merci pour ton message et je suis tout à fait d’accord avec toi. Je fais de l’impro et j’adore. Pour moi l’impro, c’est un peu comme le stand up. Il est tellement facile de faire rire en se moquant des gens, des races, des vieux, des jeunes, des femmes, des mecs, des minorités et tomber dans les clichés. Mais il est tellement plus drôle de se moquer des mille et unes situations de tous les jours, de déconstruire les clichés, de faire un effet loupe sur une situation ubuesque comme faire une démarche administrative, ou changer un pneu, et cela tout en faisant rire les gens, et sans tomber dans les stéréotypes. Alors oui, vive la lesbienne top model,…

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